mardi 16 août 2005

Pompéi

Pompéi forcément hantait mes rêves et mes espérances en préparant ce voyage. Pompéi fascine, envoûte, étonne, émeut... Un terrible malheur pour la population de l'époque que cette éruption du Vésuve, mais un voyage dans le temps absolument unique pour le visiteur contemporain...

Nous avons rendez-vous avec Nicola devant la porte de l'Amphithéâtre, située en plein coeur de la ville moderne, dans laquelle le site est littéralement enserré, au point que certaines parties sont impossibles à fouiller, car sous les constructions modernes, ou dans le jardin de propriétaires qui n'ont nulle intention de céder le terrain aux archéologues. Nicola est originaire de Pompéi. Il donne des cours de piano à Milan, mais revient régulièrement dans sa ville natale, et dédie sa passion au site archéologique. Il a lu tous les livres, et connaît le site comme sa poche. Alina, la soeur de Dino, a eu la l'excellente idée de le contacter pour lui demander de nous servir de guide dans le dédale des rues pavées et des maisons décorées. Comme il adore partager sa passion, il ne n'est pas fait prier pour nous offrir une magnifique visite, parfaitement dosée, argumentée, scénarisée : Nicola n'est pas seulement un passionné, c'est, dans son genre, un artiste !

Nous démarrons la journée par un petit café au comptoir du troquet qui trône en face de l'entrée des ruines, et nous munissons de casquettes pour protéger nos têtes du soleil, qui cogne fort ici. Après un rapide repérage sur le plan, nous voilà partis en direction de la Via dell' Abbondanza.

Nicholas

Villa Giulia Felice

Villa Giulia-Felice

Casa della Venere in Conchiglia

Casa Della Venere

Casa Della Venere

Via dell'Abbondanza

Via dell'Abondanza

Via dell'Abondanza

Via dell'Abondanza

Via dell'Abondanza - Passage Pieton

Ce qui frappe d'abord à Pompéi, c'est la taille du site. 25 000 habitants à l'époque, davantage que la ville contemporaine, qui en compte 22 000. Et même si tout n'est pas exhumé par les archéologues, il y a de quoi marcher la journée entière dans les rues pavées, où se voit encore la trace des chars. Comme le centre de la rue faisait office d'égoût, on marchait sur les trottoirs, très surélevés, et on traversait sur des passages piétonniers qui ne sont pas sans rappeler nos actuels passages cloutés. Les blocs de pierre étaient disposés de manière à permettre le passage des chars, chariots et cavaliers. Aux carrefours, on peut encore voir les piliers qui descendaient des châteaux d'eau, et dans l'encoche desquels descendaient les canalisations en plomb, dont on voit encore très nettement des morceaux, dans les sols ou au ras des murs des maisons. Les grands bassins carrés étaients munis de fontaines, aujourd'hui équipés de robinets, ce qui est sans doute un peu moins esthétique... mais permet de renouveler l'eau de sa gourde : il fait chaud, et il faut boire régulièrement pour supporter la marche.

Colonne, fontaine et canalisation d'eau

Colonne d'eau

Fontaine

Canalisation

Néanmoins, et c'est l'un des traits du génie des romains pour la construction, même sans leur toiture, les maisons sont fraîches. Grâce aux explications de Nicola, nous sommes devenus de quasi spécialistes du plan grec, qui a inspiré la plupart des constructions de Pompéi, et que l'on retrouve également à Herculanum et à Paestum. Un vestibule, parfois décoré d'un autel aux dieux lares, protecteurs du foyer. Un atrium, muni d'un bassin central, et d'un toit en galerie percé d'une ouverture centrale, qui permet de recueillir les eaux de pluie dans le bassin : l'impluvium. Autour de l'atrium, les pièces de vie. Les plus proches de l'entrée sont en général dédiées à l'activité professionnelle, à la réception du public par les notables. Le triclinium est au fond, c'est la salle à manger, la plus grande des pièces distribuée autour de l'atrium. A l'arrière de la maison, un jardin, souvent orné d'un péristyle, et d'une fontaine décorée. A Pompéi, beaucoup de maisons sont de plain pied, et les plans varient peu ou prou à partir de cette trame centrale, s'étendant parfois sur des surfaces considérables, comme la Maison du Faune qui occupe plus de 1 000 mètres carrés, tout un pâté de maison, avec deux atriums et deux péristyles. Bien sûr, l'intérêt de Pompéi réside en grande partie dans l'état de conservation des décors, mosaïques sur les sols, et fresques murales, qui permettent de se faire une idée assez précise de l'art de vivre de l'époque.

On n'hésitait pas dans la mugnificence... Dans la Maison d'Octavius Quartio, le jeu d'eau du jardin reproduisait les crues du Nil.

Casa di Octavius Quartio

Casa Octavius Quartio

Casa Octavius Quartio

Casa Octavius Quartio

Nicola nous montre la publicité électorale de l'époque, peinte en rouge à même les murs. On écrivait beaucoup sur les murs à Pompéi, où il est vraisemblable que plus de la moitié de la population savait lire et écrire. Campagnes électorales, comptes des marchands, annonces de spectacles ou recherche de locataires (calmes et avec références), calculs des commerçants, et divers graffitis font partie des indications précieuses sur la vie à Pompéi.

Inscriptions électorales

Inscriptions Electorales

Les romains construisaient parfois sur deux ou trois étages. En particulier, les artisans habitaient souvent au dessus de leur boutique, qui donnait sur la rue.

Les échoppes les plus reconnaissables dans Pompéi, et les plus nombreuses aussi, sont celles des restaurants et débits de boissons (thermopoliums), le plus souvent situés à un angle de rue. Les grandes jarres de terre cuite encastrées dans les comptoirs de pierre étaient remplies de nourriture et de boissons. Après la "prima colazione", ou petit-déjeuner, qui était pris à domicile, on déjeunait hors de chez soi à Pompéi.

Thermopolium di Vetutius Placidus

Thermopolium Vetutius Placidu

Thermopolium Vetutius Placid

Nous repérons aussi plusieurs boulangeries, dont les fours à pain ressemblent comme frères jumeaux à ceux qu'on trouve encore dans les maisons du XIXème siècle dans les campagnes françaises. On y voit aussi les meules qui servaient à faire la farine : le boulanger confectionnait tout lui-même, à partir des céréales brutes.

Four à pain et meules

Boulangerie

Nicola nous montre également une blanchisserie, la Fullonica Stephani, où le bassin de l'atrium est transformé en lavoir. Les blanchisseurs, ou foulons, semblent avoir été une corporation puissante à Pompéi, comme en témoigne l'édifice d'Eumachie, l'un des plus importants du Forum, bâti par elle.


Fullonica di Stephanus (blanchisserie)


Fullonica Stephanus

Fullonica Stephanus

Fullonica - Dino

Via dell'Abbondanza

Via dell'Abondanza

Les deux théâtres sont de toute beauté, construits comme souvent dans une dépression naturelle du terrain. J'aime plus particulièrement le petit, dédié aux représentations musicales et de mime, et très bien conservé. Je pourrais rester des heures assise dans les gradins, même si rien ne se passe sur la scène, le décor suffit à occuper l'esprit et à faire rêver...

Petit théâtre

Petit Theatre

Petit Theatre

Petit Theatre

Grand théâtre

Grand Theatre

Grand Theatre

Grand Theatre

Quadriportico dei theatri

Quadriportico dei theatri

Les thermes font partie du raffinement romain, comme de l'art de vivre dans les pays du Sud : en Afrique du Nord et en Turquie, ils perdurent, constituant à la fois un rituel d'hygiène et un lieu d'échange social. Les thermes de Stabies comportent les salles habituelles, piscine froide ou frigidarium dans une petite pièce ronde au toit en coupole, salle tiède dite tepidarium, et la salle chaude, le caldarium. Le sol défoncé permet de voir les pilettes de briques qui constituaient le système de chauffage. Les vestiaires sont particulièrement bien décorés, avec des frises en stuc et des motifs au plafond. Le long des murs extérieurs, on voit encore courir une canalisation de plomb.

Thermes de Stabies

Thermes de Stabie - Vestiaires

Thermes de Stabie

Thermes de Stabie - Pilettes

Thermes de Stabie - Canalisations

Thermes de Stabie

Le forum est impressionnant par ses dimensions, même si les bâtiments qui l'entourent et son péristyle sont en grande partie détruits, nous rendant en revanche la vue sur le Vésuve. Il est plus difficile d'imaginer les constructions monumentales, qui étaient de plus décorées de peintures polychromes. Le coup d'oeil à l'époque devait donc être fort différent... On peut encore se faire une idée de la Basilique, qui était le tribunal romain. Et les frises qui encadrent la porte de l'édifice d'Eumachie sont de toute beauté. Sur le côté Nord-Ouest, les entrepôts présentent une impressionnante collection d'amphores de toutes dimensions, et d'ornement sculptés. On peut y voir aussi, comme dans plusieurs autres bâtiments de la ville, ces étranges et poignantes statues de plâtre : ce sont les moulages des empreintes laissées dans le sol par les habitants littéralement pulvérisés par les nuées ardentes du Vésuve, et qui montrent des signes très clairs d'asphyxie.

Forum

Forum - vue sur le Vesuve

Forum

Forum

Forum

Forum

Forum

Forum

La basilique


Forum - Basilique

Forum - Basilique

Temple de Vespasien, l'autel représentant le sacrifice d'un taureau

Forum  - Temple de Vespasien

Temple de Jupiter

Forum

La maison du Faune est l'une des plus belles de Pompéi. Connue bien sûr pour la statuette en bronze qui orne le bassin central de l'atrium, elle réjouit aussi par la taille de ses jardins intérieurs. Au dessus de la porte d'entrée, on peut voir les vestiges de l'autel des dieux lares, protecteurs du foyer.

Maison du Faune

Villa du Faune - Autel des Lares

Villa du Faune

Villa du Faune

Villa du Faune

Villa du Faune

Villa du Faune

A l'heure du déjeuner, nous faisons une pause dans le self-service des ruines, à proximité du forum. Un cornet de glace, un café, avec cette chaleur, nous n'avons pas envie d'avaler grand chose de plus, avant d'emprunter la Via Consolare, puis la Via delle Tombe, qui est une belle nécropole, pleine de poésie mélancolique. Elle me fait penser aux Alyscamps...

Via delle Tombe

Via Consolare

Via Consolare

Via Consolare

A l'extérieur des murs d'enceinte de la vieille cité, Nicola termine sa visite par la Villa des Mystères. Mystérieuse parce que son plan est à l'envers de celui des autres maisons. Mystérieuse aussi à cause de la grande (et magnifique) fresque qui orne le triclinium, dont on ne sait pas précisément interprêter la signification. L'initiation à un rite dionysiaque est l'explication la plus couramment reprise. Mais ce pourrait être aussi la préparation à la vie d'épouse de la propriétaire de la maison. Quoiqu'il en soit, cette maison est absolument splendide, et l'une des mieux conservée du site, notamment parce que c'est une des dernières qui a été mise à jour. On y voit même encore les volets de bois des fenêtres. Moi, je me verrais bien passer l'après-midi à lire tranquillement dans la fraîcheur de la terrasse couverte, avec vue sur le petit jardin...

Villa dei Misteri


Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa dei Misteri - Triclinium

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Villa des Mystères

Nicola nous salue après cette dernière, mais magistrale, présentation, et Dino et moi sommes les seuls à repartir vers l'intérieur du site, explorer ce que nous n'avons pas encore vu... J'ai malheureusement oublié de noter les noms des maisons où j'ai capturé quelques images : atrium à la lumière rosée, belles fresques murales, charmante levrette en mosaïque à l'entrée d'une maison fermée. Fragments de beauté et d'élégance qui réjouissent l'oeil et qui émeuvent, même anonymes.

Pompei

Maison de la petite fontaine


Casa della fontanina

Casa della fontanina

Fresque

Mosaique Levrette

Casa di Giulio Polibio

Casa Giulio Polibio

Casa Giulio Polibio

Je regrette un peu la Maison des Vettii, considérée comme l'une des plus raffinées du site par sa décoration intérieure, ses fresques notamment. Nous ne verrons, au travers des grilles qui ferment le vestibule, que le fameux Priape, symbole de prospérité, et l'ambiance colorée de l'atrium.

Maison des Vettii

Villa Vettii

Nous ne verrons pas le fameux lupanar, tant prisé des visiteurs, actuellement fermé pour réfection des fresques murales, très suggestives paraît-il. Nous nous rattrapperons au Musée archéologique de Naples, en visitant le "Cabinet secret", qui renferme de nombreuses oeuvres à caractère érotique de Pompéi, où elles ne manquaient pas. Les lieux où l'on pouvait consommer ces prestations étaient d'ailleurs clairement indiqués, notamment par un fléchage au sol absolument sans équivoque. Sans tabous, et en tous cas très pragmatiques, les romains ! Il paraît que le commerce du sexe avait notamment pour but de protéger l'honneur des femmes nobles, et rencontrer une prostituée n'était pas considéré comme un acte adultère.

Direction du lupanar


Enseigne Lupanar

Mais les romains pratiquaient d'autres activités physiques, comme en témoigne la grande Palestre, aux proportions impressionnantes.

Grande Palestre

Grande Palestre

Casa del Giardino di Ercole

Casa Giardino Ercole

La nécropole du Sud de la ville m'a semblée plus triste de la Via delle Tombe. Mais peut-être était-ce à cause du jour déjà un peu déclinant. Les monuments mortuaires en tous cas sont assez prestigieux.

Nécropole

Necropole

Necropole

Le colisée est l'un des plus vieux qu'on connaisse, et l'un des plus vastes aussi. On voit encore très bien les murs et les escaliers d'accès extérieurs, mais les gradins sont beaucoup plus détériorés qu'à Pozzuoli, et cet amphithéâtre ne comporte pas de souterrain.

Amphithéâtre

Amphitheatre

Amphitheatre

Amphitheatre

Nous terminons la journée à la terrasse d'un café, en face du Duomo, sanctuaire et lieu de pélérinage construit au début du XXème siècle, dont l'intérieur paraît-il est assez baroque, mais nous ne le verrons pas, il est trop tard, les portes sont fermées.

Dino me fait découvrir les sfogliates, gâteaux typiques de la région napolitaine, qui sont servis chauds. En forme de croissant, ils sont recouverts d'une fine enveloppe croustillante, faite d'un seul ruban de pâte enroulé sur lui-même, et fourrés d'un genre de crème pâtissière avec des fruits confits, qui n'est pas sans rappeler la glace plombière. C'est ma foi très bon ! Et tant pis pour la diététique : après les huit heures de marche que nous venons de faire sur les vieux pavés de la cité, on peut se permettre quelques excès de sucre en guise de réconfort !!

Necropole


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